• Oxymoron

     

     

    Oxymoron

     

    Au dessus des dieux, au dessus des éthers

    Trône un soleil noir, à l'éclat obscurci

    Qui dans l'immense cosmos, préside en solitaire

    Constellé de tourments, envahi de soucis

     

    Dans le vide de cette céleste Géhenne

     Émergea une étoile à la splendeur cosmique

    Qui de la Voie Lactée devint la souveraine

    Et de Jupiter, la plus belle odalisque

     

    La simple vue de pareille lumière

    Agit sur le soleil comme une catharsis

     À son cœur l’étoile prend une place chère

    Et par cette agape, ses maux s’adoucissent

     

    Impatient, il veut son bonheur immédiat

    Fait une cour ardente, prend à témoin les astres

    Se dit Hypérion et la veut Théia

    Et par son orgueil, change l’idylle en désastre

     

    Apollon d’ébène, vois ton crépuscule

    Tes larmes de feu et bruyants soupirs

    Se font si terribles, ô géant minuscule

    Que le béant univers peine à les contenir

     

     

     

     


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  • La Métamorphose (Franz Kafka)

     

    Titre : La Métamorphose (Die Verwandlung)
    Auteur : Franz Kafka (1883-1924)
    Année de parution : 1915
    Édition : Folio classique (1989)
    Quatrième de couverture : La Métamorphose révèle une vérité méconnue, les conventions disparaissent, les masques tombent. Le récit qui porte ce titre est un des plus pathétiques et des plus violents que Kafka ait écrits ; les effets en sont soulignés à l’encre rouge, les péripéties ébranlent les nerfs du lecteur. C’est l’histoire, « excessivement répugnante », dit l’auteur, d’un homme qui se réveille changé en cancrelat. Cette transformation est un châtiment imaginaire que Kafka s’inflige. Et son personnage est celui qui ne peut plus aimer, ni être aimé : le conflit qui se déroule dans une famille bourgeoise prend une ampleur mythique. Seuls quelques éléments comiques ou grotesques permettent de libérer de l’oppression du cauchemar.

    Lorsque Gregor Samsa se réveille un matin changé en un gigantesque insecte, la vie de ce banal voyageur de commerce va connaitre de tragiques bouleversements, qui mèneront progressivement à la déshumanisation complète du protagoniste.

    Si cette nouvelle est le plus souvent référencée dans le genre fantastique, le génie de Kafka consiste en l'inversion des codes de ce même genre. En effet, le fantastique se définit par l'intrusion d'un élément surnaturel dans la réalité, ici la métamorphose ; cependant que cela soit dans le traitement comme dans la description du phénomène, le ton y est froid et détaché créant ainsi un décalage entre la situation et son vécu, similaire au décalage de l'apparence de Gregor avec son comportement. C'est donc la réalité qui s'impose au prodigieux, détruisant les conventions de la littérature fantastique tout en conservant brillamment les thématiques propre au genre.


    L'ambiance de malaise qui se dégage tout au long du récit est accentuée par l'utilisation de symboles riches et complexes. Par exemple, le portrait de la dame au manchon, constituant un des uniques plaisirs de Gregor, incarne le désir dans son aspect le plus freudien, refoulé mais toujours présent et auquel le jeune homme s'attachera jusqu'à la fin.

    Le père de Gregor Samsa constitue une figure importante de la nouvelle car premièrement responsable de la ruine de la famille (et donc de l'obligation pour Gregor de travailler) mais également incarnant la famille bourgeoise dans ce qu'elle a de plus traditionnelle et méprisable. Bien que Gregor ne ressente aucune animosité envers son père, ce dernier en revanche n'éprouve pas un soupçon de sympathie pour le cancrelat résidant sous son toit : il n'hésitera d'ailleurs pas à lapider l'insecte de pommes, dans une scène aussi déchirante que ridicule. Le lecteur connaisseur de Franz Kafka saura ainsi déceler les éléments biographiques présents dans la nouvelle, l'auteur ayant longtemps vécu sous la terreur de l'autorité paternelle. De manière plus générale, la nouvelle nous instruit sur le caractère absurde du travail et de la famille, d'aucun y voient une critique de l'exception parmi la médiocrité et d'autre encore en font une lecture basée sur le thème de la psychanalyse et de l'individu.

    On conseillera cette édition car richement annotée et très instructive dans son traitement. La Métamorphose étant souvent considérée comme le Grand œuvre de Franz Kafka, du fait d'une qualité stylistique indéniable ainsi que par la multiplicité des analyses possibles, elle constitue sans nul doute la meilleure introduction possible au monde du maitre de l'absurde.

     

    La Métamorphose (Franz Kafka)


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  • Descender

     

    Titre : Descender

    Auteurs : Jeff Lemire (Scénario) / Dustin Nguyen (Dessin)

    Année de parution : 2016

    Edition : Urban Comics

    Nombre de volumes : Quatre, cinquième volume à paraitre.

    Quatrième de couverture : La Galaxie se remet péniblement du traumatisme causé par l'apparition, il y a dix ans, des Moissonneurs, des robots de la taille d'une planète qui préfigurent la révolte des machines contre les Hommes.

    C'est dans cet univers en pleine reconstruction, qui a depuis appris à haïr le genre mécanique, que s'éveille Tim-21. Sans le savoir, le petit droïde cache dans ses circuits imprimés l'héritage et les véritables intentions des Moissonneurs. Un secret dont tous les gouvernements de la galaxie rêveraient de s'emparer. 

     

    Le robot domestique Tim-21 se ranime après dix ans de mise en veille sur la colonie minière de Dirishu, sans savoir que son codex machine est convoité  par le Conglomérat Galactique Unifiée d'une part  et des mercenaires Liquidateurs de l'autre.

    D'un point de vue graphique, la série Descender est irréprochable. C'est avec une grande maitrise de l'aquarelle que Dustin Nguyen dépeint des paysages alternant entre des symposium technologiques et des paysages de planètes sauvages. La richesse des designs des différentes races du Mégacosme ainsi que les environnements dans lesquels ces dernières évoluent aident à l'introduction du lecteur dans ce monde complexe et tentaculaire. On appréciera aussi le soin apporté aux onomatopées et aux phylactères, stylisés lorsqu'une voix mécanique ou télépathique est utilisée.

     

    Toutefois, la trame générale du récit n'est pas en reste. On peut citer sans crainte parmi les différentes inspirations de Descender les principaux piliers de la science-fiction moderne : Le Cycle des Robots d'Isaac Asimov, les Chroniques Martiennes de Ray Bradbury, Dune de Frank Herbert, la saga Star Wars et le jeu vidéo Mass Effect. Le premier tour de force du comics est d'arriver à faire cohabiter de manière cohérente les différents genres de la SF (space opera, planet fantasy, dystopie et cyberpunk) tout en y apportant une part conséquente de développement et de critiques.

    Ainsi, si les habitants de la planète Silenos communique par télépathie, cela ne résulte pas simplement d'une volonté des auteurs d'utiliser cet archétype de la littérature de science-fiction, mais est appuyé par une explication cohérente et originale du concept, la planète Silenos ne pouvant retenir aucun son dans son atmosphère. Une très grande minutie est apportée à tous les éléments relatifs à  la géographie ou le fonctionnement des différentes technologies, permettant une meilleure compréhension et immersion. De plus, une critique discrète semble adressée aux pères fondateurs du genre, l'inventeur de la robotique du Mégacosme tenant plus de l'escroc opportuniste que de l'inventeur de génie.

     

    Si l'univers de Descender est d'une richesse graphique et imaginative indéniable, toujours est-il que l'œuvre reste destinée à un public averti et que souvent le mal l'emporte sur le bien. Les différents protagonistes évoluent dans une galaxie encore instable, à peine rétablie du traumatisme des Moissonneurs, un climat de peur et d'incompréhension s'est formé entre "humes" et robots créant ainsi la formation des Liquidateurs dans un camp et de la résistance robotique dans celui adverse. Par le biais des robots, Descender aborde de manière plus globale le thème du respect de la vie, il n'est donc pas étonnant d'y voir des allusions directes aux mauvais traitement, à l'esclavage, aux crimes raciaux (les "botgroms") et au génocide.

     De nombreuses interrogations sont alors posées, l'homme a t'il asservi la machine? Où vont les robots une fois liquidés? Peuvent-ils ressentir de la joie, de la haine, de l'ambition ou de la peur? Et qu'en est-il du transhumains? Autant de questions auxquelles seul l'effort combiné des formes de vies carbones et artificielles saura apporter une réponse convaincante et définitive.

     

    Descender

    Descender

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